Notre région, à cette époque, était couverte de grandes forêts, de ruisseaux dévalant les collines datant de lère secondaire.
Ill subsiste encore de nos jours de beaux exemples, rivalisant avec les plus belles forêts de France, comme les forêts de Bellême, Réno-Valdieu, Perseigne.
Labondance du gibier et du poisson dans cette forêt vierge fit que quelques hommes sétablirent dans cette contrée.
La preuve de leur présence est principalement donnée par les nombreux silex taillés découverts et que lon retrouve dans les musées du Perche.
On a retrouvé une hache à Saint-Ouen-de-la-Cour datant de ces hommes primitifs.
Puis entre le XIe et le VIe siècle avant J.C. les migrations des peuples dorigine indo-européenne commencèrent et donnèrent les Celtes (daprès lappellation grecque
Keltike ) ou Gaulois (daprès lappellation romaine
Galli ). Les forêts du Perche servirent de frontière et nous retrouvons au Nord les Eburovices qui fondèrent Mediolanum (Evreux), à louest les Essuens qui eurent Oximensis (Exmes) et Axeium (Essay) comme villes principales, au sud les Aulerces-Cenomans qui créèrent Suindinum (Le Mans) et enfin les Carnutes, à lest, qui sinstallèrent dans les plaines de la Beauce avec Autricum (Chartres) et Genabum (Orléans).
Plus tard, ces peuples, notamment les Aulerces et les Carnutes, continuèrent à étendre leur territoire jusquà franchir les Alpes et fonder des villes en Italie comme Brescia et Vérone.
Puis ce fut lépoque des affrontements avec larmée romaine jusquà, avec la prise dAlésia, la soumission de la Gaule ; les Carnutes étant certainement les derniers à devenir « alliés » des romains.
La forêt du Perche était riche en minerai et de nombreuses fonderies de fer furent établies.
Les seules traces que nous trouvons sur la commune de cette époque gauloise et doccupation romaine ( de lan 500 à lan 1000 ) proviennent des noms de parcelles qui montrent que de nombreuses forges étaient en activité dans la région.
- Le Champ de la Forge, vers Hotel-Cabaret (parcelle 140, section G)
- Le Champ de la Forge, à Mortou (parcelle 476, section B)
- Le Champ des Mines, à Mortou (parcelle 475, section B)
- La Mine, entre Pont et Petit-Bois ( parcelle 26, section C)
- La Mine, vers Boutrop (parcelle 20, section E)
- La Mine, chemin du Marescot près de la Pâquerie (parcelle 96, section E)
- La Mine, chemin du Marescot près de la Pâquerie (parcelle 97, section E)
Les champs de mines étaient dépendants des forges qui consommaient la production.
Aux environs de Mauves, nous trouvons également sur la commune de Corbon :
- Le Pré de la Forge ( parcelle 78, section E)
- Le Pré du Champ-Hamel (parcelle 79, section E)
Nos ancêtres avaient le culte des pierres (dolmens et menhirs), des fontaines et des arbres.
Dans la forêt domaniale de Bellême, à 6 kilomètres de Mauves, nous trouvons deux vestiges remarquables de cette époque : une pierre druidique et une fontaine.
La pierre druidique :
Située près du carrefour des Sept-Bras (sept routes ou lignes forestières rassemblées au même rond-point), une pierre druidique de lépoque celte ou gauloise semble être de par sa forme un ancien autel pour les sacrifices.
De type dolmen, le dessus très large forme un table de dimensions 3,00 m x 1,60 m sur 1,00 m de hauteur. Cette table a la particularité de posséder sur le rebord une rigole taillée, pour lécoulement. Sur le devant, une espèce de marche située à 60 cm de hauteur fait partie intégrante de lensemble.
La fontaine de La Herse :
La fontaine est une source deau minérale bicarbonatée et ferrugineuse.
Les blocs de pierre qui lentourent, possèdent des inscriptions romaines.
La première inscription, au Nord :
APHRODISIUM.
Est consacrée à la déesse Vénus, nommée par les Grecs
Aphrodite , du grec
Aphros , signifiant écume.
La deuxième inscription, à lest :
DIIS INFERIS
VENERI
MARTI ET
MERCURIO
SACRUM
est consacrée aux dieux « inférieurs ou infernaux» Mars et Mercure.
Cette source est une eau de Jouvence pour les couloirs biliaires, le foie et le rein, ainsi que pour les calculs.
Le nom de
Erse proviendrait du gallique (gaulois) signifiant également Aphrodite.
Dans notre campagne, on trouve dautres monuments druidiques :
Le dolmen de la Pierre-Procureuse à Saint-Cyr la Rosière
Le dolmen de la Pierre de Saint-Laurent dans le bois de Voré près de Rémalard.
Le dolmen du Jarrier, le menhir et le cromlech de la Chevrolière près de Saint-Sulpice sur Rille.
Un tumulus (sépulture de personne importante) est situé près de Longny, à deux kilomètres vers Malétable.
On a mentionné également les vestiges dune ville gauloise à Saint-Ouen de la Cour.
Dans les us et coutumes de cette époque, nous avons conservé encore de nos jours, les feux de la Saint-Jean qui correspondait au culte du feu des Gaulois ; chaque année, au solstice dété, ils allumaient des bûchers en lhonneur du soleil vainqueur de la nuit.
Le tirage des Rois, le 6 janvier, avec le dialogue « Pour qui ? » entre le chef de famille qui coupe la galette et lenfant accroupi sous la table, date également de cette époque.
Epoque Romaine
Le nom de
Perche provient du latin
Pertica (également
Perticum ou
Perticensis Pagus) qui signifie longue forêt.
Chez les romains, on retrouve le nom de
Saltus Perticus, qui semble avoir la même origine que
Pertica avec une précision
Saltus qui ajoute une notion de sauvage, indépendante.
Les vestiges romains sont peu nombreux dans la région ; les invasions barbares ayant détruit la majorité dentre-eux.
On peut citer Mont-Cacune, à coté de Mortagne, sur la route de Soligny où de nombreux murs et fondations furent découverts. Plus près de notre village, à Arcisse, entre Mauves et Saint-Gilles (gare), on a découvert en septembre 1832 (par M. Dureau de la Malle), les ruines dun oppidum (ville fortifiée) romain et les fouilles faites à cette époque ont montré les traces et dimensions des constructions, ainsi quune quarantaine de pièces de monnaie, médailles en bronze ou en argent, aux effigies des empereurs romains dAuguste à Tétricus.
Les Saxons
Au quatrième siècle, notre région fut ravagée par les Saxons, qui se sont ensuite établis à
Saxia (Séez).
Le nom des Saxons se retrouvent dans les environs de Mauves, comme Courgeon ,
Curtis-Saonis ou Court-Sessin,
Curtis-Saxone à Courcerault.
Hormis ces noms, ces Saxons ne laissèrent pas de trace matérielle de leur invasion.
Les Francs
A la fin du Ve siècle, Clovis, roi des Francs possédait le Perche, avec la Normandie, la Bretagne et lAnjou, et à sa mort en 511, il possédait la Gaule romaine , sans le Languedoc et la Provence. Son empire fut partagé entre ses quatre fils et cest Clodomir qui récupéra le Perche.
Au VIIe siècle, après la mort de Dagobert, en 638, la décadence Mérovingienne est rapide.
C'est à cette époque que s'installent des exploitations agricoles dans des zones défrichées de la forêt et qui portent le nom de cour:
Corbon
Curtus bonus, la bonne cour.
Corubert, la cour de Robert.
Courgeon, la cour de Gehon.
Courthioust
Curtilculus, la petite cour.
Et cest à cette époque également que le christianisme apparaît dans la région avec Chartres (IVe siècle), puis Le Mans (Ve Siècle) et Sées au VIe siècle.
Corbon et le Corbonnais
Corbon est une commune dans un très joli site, situé sur les bords de lHuisne et située à 1 kilomètre de Mauves.
Aujourdhui, Corbon est un petit village mais il ne faut pas oublier le passé florissant de cette cité. Au IXe siècle, après avoir longtemps été une vicairie du comté dHyesmois (Exmes), le Corbonnais fut érigé en Comté. Bellème, La Ferté-Bernard dépendaient de Corbon. En 853, le roi Charles le Chauve envoya des « missi dominici » (commissaires royaux) dans cette région.
En 861, selon la « Notice des Gaules », Charles le Chauve donna le titre de Duc de France à Robert le Fort dont le comté du Corbonnais relevait et la nomination des comtes était dévolu au duc.
Tous les ans se réunissait à Corbon , une assemblée appelée « Calende du Corbonnais » qui était composée de lélite du clergé, de la noblesse et du Tiers-Etat. Des lettres patentes de nos rois avaient confirmé et autorisé ces Etats Généraux où chaque contrée du royaume pouvait régler ses affaires comme bon lui semblait..
A cette époque, et même après sa destruction (1027), le Perche nétait connu que sous le nom de
Regio Corbonensis (Pays du Corbonnais) et Corbon en était la capitale. Mauves nexistait pas encore ou peut-être uniquement comme faubourg de cette cité importante et bien fortifiée.
La ville de Corbon fut également le premier siège de larchidiaconé du Perche, titre établit par un évêque de Sées et qui restera jusquen 1790.
Les comtes et les seigneurs de cette ville étaient investis du privilège, en quelque sorte royal de faire battre monnaie. Les pièces frappées à Corbon porteraient pour inscription
Moneta Corbonensis ou
Curbano fit .
Néanmoins, ces pièces sont extrêmement rares, voire inexistantes et on peut émettre le doute, comme lécrit A.Racinet en 1899 sur ce prétendu droit.
Les Normands
En 855, les Normands qui étaient des pirates danois et norvégiens arrivèrent et ravagèrent notre région. Ils pillaient les églises et les monastères. Ils revinrent en 876 sous la conduite de Rollon et les pillages recommencèrent jusquau traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 qui leur donnèrent la Normandie et en conséquence le Perche.
Les Comtes du Perche
A cette époque féodale, le pays était divisé en de nombreuses seigneuries, souvent dotées de privilèges et qui échappaient à lautorité royale.
Les inimitiés, les jalousies réciproques de ces seigneurs faisaient naître des querelles intestines qui souvent se transformaient en guerres sanglantes qui ruinaient considérablement la région.
Les trois premiers Comtes connus : Agombert (816), Hervé (877) puis Etienne nont pas laissé de faits significatifs pour notre pays. A la fin du Xème siècle (960), Rotrou est Comte du Perche et est le premier dune lignée qui marquera lhistoire du Perche.
Rotrou est un chef de larmée de Thibault le Tricheur, Comte de Blois et de Chartres ; il se bat, soutenu par le Roi de France Lothaire, contre le Duc Richard de Normandie.
Richard fait appel à ses compatriotes Danois et dévaste le Perche, puis Chartres. Ils détruisent la ville de Corbon qui ne sen relèvera jamais.
Mais, on rapporte également une autre version plus vraisemblable de la ruine de Corbon. Après Rotrou, Geoffroy III est Comte du Perche et il ne se gêne pas pour aller piller et ravager les terres de léglise de Chartres.
Fulbert, évêque de Chartres, chancelier du roi, se plaint auprès du roi Robert (le fils de Hugues Capet) et demande du secours. Il est entendu par le roi et celui déclare la guerre à Geoffroy III et détruit Corbon en 1027.